Avito réunit des experts de l’immobilier pour analyser le rôle du digital dans la relance du secteur
Leader des plateformes de petites annonces au Maroc, Avito a, durant cette période particulière, été témoin de changements clairs dans les habitudes de consommation des Marocains. Comme d’autres secteurs, l’immobilier a été fortement impacté par la situation économique engendrée par la crise sanitaire actuelle. Néanmoins, le marché commence à émettre les signaux positifs d’une relance timide mais rassurante. Pour mieux comprendre et anticiper ses évolutions, Avito a organisé, ce mercredi 11 novembre, son deuxième webinar intitulé « Le rôle de l’écosystème digital dans la relance du secteur immobilier post-confinement au Maroc ». Modérée par Badr Bouslikhane, Chief Revenues Officer chez Avito, la table ronde a été animée par différents experts du secteur immobilier.
Constats et évolutions du marché
La COVID-19 a bouleversé l’économie mondiale, engendrant de profondes mutations dans divers secteurs. Au Maroc, cette crise a fortement impacté le secteur immobilier, un secteur générant plus de 1,2 million d’emplois, déjà mis à mal depuis de nombreuses années. Pour Abdelrhani Yassaa, Président de l’APILK, « le début du confinement a été un cauchemar. Les chantiers ont fermé à hauteur de 90 %, il n’y avait plus de marchandises, plus de transports, plus d’ouvriers… Il fallait trouver des solutions. » Ainsi, durant cette période extrêmement difficile, l’ensemble des acteurs se sont solidarisés et ont travaillé de manière collégiale pour tenter de renverser la situation et entamer une dynamique de relance. Des rencontres en visio-conférence ont permis l’élaboration d’une feuille de route pour le redémarrage des chantiers dans le respect des mesures sanitaires.
Si le digital pouvait être perçu par certains comme superflu, selon Amine Mernissi, Expert Immobilier et auteur du guide immobilier Repons’Immo, « cet outil a été décisif dans le maintien du secteur de l’immobilier ». Le digital a ainsi permis aux acteurs immobiliers de rétablir le contact avec leurs clients et prospects. « La demande revenait petit à petit, pas pour conclure, mais pour manifester de nouveau de l’intérêt. Jusqu’à juin, l’outil digital a fonctionné à plein régime. Les consommateurs se posaient la question de la pérennité des promoteurs, il fallait les rassurer. » Selon les chiffres de Bank Al Maghrib, la crise a engendré une baisse des ventes de 30 % au premier trimestre de l’année et de 57 % au deuxième trimestre. Pour M. Mernissi, « les chiffres du troisième trimestre qui seront publiés le 13 novembre prochain, devraient montrer une remontée, notamment grâce à la loi de finance rectificative qui a apporté des mesures salutaires. »
Priorité à la qualité
Face à la régression des ventes, à l’augmentation du taux de chômage et à la baisse de revenus, les promoteurs immobiliers ont dû s’adapter pour initier la relance. Si certains acheteurs espéraient des baisses de prix considérables, pour M. Mernissi, au-delà d’un certain seuil, celles-ci représenteraient un danger pour tout l’écosystème.
Selon les chiffres d’Avito révélés par Mehdi Adlouni, Head of KAMs Real Estate Avito, pendant la crise, entre mars et mai, la moyenne des prix des appartements en vente a été de 629 389 dirhams, ce qui représente une chute de 7 % par rapport au post-confinement, qui démontre une moyenne de prix de vente de 680 377 dirhams.
Du côté des promoteurs, plusieurs ont fait le choix de ne pas baisser leurs prix. C’est le cas de Chaabi lil Iskane ou de Badr lil Iskane. Pour Hind Zaiker, Responsable Marketing et Communication Chaabi Lil Iskane, « si les prix sont bien étudiés, ils resteront compétitifs, nul besoin de les baisser. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, il s’agit avant tout de s’adapter aux nouveaux comportements et besoins des consommateurs. La digitalisation du service client est cruciale durant cette période. Elle permet une communication instantanée et une interactivité avec les prospects et l’audience. » Dans ce sens, Amine Sehail, Responsable Marketing & Communication Badr lil Iskane, a lui, déclaré : « le digital est le nerf de guerre de la vente. » La digitalisation des processus a permis aux promoteurs immobiliers de maintenir le contact avec les clients, notamment durant la période de confinement. « Dès début juin, l’ouverture des bureaux de vente a montré les fruits de tout le travail effectué pendant le confinement, avec 10 à 15 % de ventes supplémentaires par rapport au mois de février. »
Indiquées par Mehdi Adlouni, les observations d’Avito durant cette période démontrent une nette reprise de l’offre. Si les annonces publiées mensuellement ont baissé de 57 % à partir du mois de mars et jusqu’au mois de mai, elles ont repris de 124 % entre juin à octobre. Même son de cloche du côté des projets publiés sur la plateforme Immobilier Neuf d’Avito, qui ont repris dès le mois de juin, après une baisse de 20 % entre mars et mai. Le nombre de visiteurs uniques, qui avait chuté de 29 % de mars à mai, a repris de 46 % entre juin et octobre. Les leads (contacts) qui avaient chuté de 50% ont eux, repris de 186 %. Pour M. Adlouni, « malgré l’incertitude, beaucoup d’internautes cherchent à acquérir de nouveaux biens. On remarque des tendances particulières : les acquéreurs sont à la recherche de superficies plus généreuses, de plus d’espaces verts, de terrasses… »
Le digital, levier de relance
« Ce n’est pas le prix qui pousse les ventes mais la qualité des produits », a déclaré Abdelrhani Yassaa. Il s’agit aujourd’hui de regagner la confiance du consommateur.
« Faire la promotion d’un projet en faisant l’impasse sur le digital, c’est hypothéquer le succès. », a affirmé Amine Mernissi. Le digital a permis de rendre la communication plus fluide et plus impactante. Toutefois, il constitue une arme à double tranchant. « Malheureusement, tout le monde n’est pas de bonne foi. Il faut sécuriser les process pour ne pas tomber dans les travers abstraits du digital. », a expliqué M. Mernissi. Le digital devrait avant tout être utilisé au service de la transparence. « L’acquéreur devrait pouvoir consulter les autorisations et les plans d’un projet. C’est important pour rassurer et asseoir la confiance, à un moment où celle-ci a été perdue. » Pour Hind Zaiker, « le digital est une porte d’accès à l’information. Aujourd’hui, on est tenu d’offrir une information transparente et complète au prospect pour qu’il puisse faire un comparatif avant de se déplacer pour voir le projet. » Et d’ajouter : « C’est un canal pilotable et mesurable. Les indicateurs de performance peuvent être suivis et paramétrés de manière quotidienne. »
Si les intervenants s’accordent à dire que la performance est aujourd’hui tributaire majoritairement du digital, pour Amine Sehail, « il est primordial de faire les choses proprement ». « Il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels pour se faire guider et utiliser cet outil de la manière la plus efficiente possible. »
« D’un mal peut naître un bien », conclut M. Mernissi. « Une étude a permis de démontrer que suite au confinement, 2/3 des personnes interrogées se sont déclarées insatisfaites de leur logement. Cette crise a bousculé les habitudes des promoteurs comme des acquéreurs… » Une opportunité à saisir, donc.